Le crès

Patrimoine historique

Eglise Saint-Martin

L’église du Crès que vous avez en face de vous est placée sous le patronage de Saint Martin, un saint chrétien ayant vécu au IVe siècle et connu pour avoir introduit le monachisme en Gaule.

On trouve la première mention d’une église sur le territoire du Crès en 1096 dans les documents qui constituent l’inventaire des biens d’Éva Dalmace de Castries, lorsqu’elle fait don d’une partie de son patrimoine à son second fils Ramon.

On retrouve une nouvelle trace de l’église en 1111 dans un acte de donation de Gautier, évêque de Maguelone.

En 1125, notre petite église est le théâtre d’un évènement historique : en 1124, un différend éclate entre Guilhem VI seigneur de la ville de Montpellier et son beau-frère Bernard IV, comte de Melgueil (aujourd’hui la ville de Mauguio) qui était marié à Guillemette de Montpellier depuis 1111. Le seigneur de Montpellier décide en 1124 de dévier un bras du Lez, en construisant un barrage, pour augmenter le débit du fleuve principal et faciliter la navigation et ainsi favoriser le commerce. Ce faisant, le moulin de l’un des vassaux du comte de Melgueil n’est plus alimenté et une querelle éclate entre les deux seigneurs, qui va durer près d’une année. Le Pape lui-même, à la demande de l’évêque de Maguelone impuissant face à cette situation, ordonne la fin des hostilités. Après un procès, les deux aristocrates acceptent de rédiger un acte de paix et celui-ci sera signé dans un lieu entre Mauguio et Montpellier : l’église du Crès !

Après cet évènement et pendant près de quatre siècles, l’église ne sera mentionnée dans aucun document d’archives. C’est seulement en 1570, en pleine période d’affrontements entre les catholiques et les protestants, dans le cadre des guerres de religion, que l’on retrouve notre église. Cette année-là, l’Amiral de Coligny, qui adhère à la Réforme protestante, fait piller puis incendier le castrum du Crès. Le document mentionne aussi l’église proche, que l’on suppose être l’église Saint-Martin du Crès. Une partie de l’église aurait donc été détruite lors de ces affrontements.

On retrouve à nouveau des traces de l’église en 1633, lorsque Monseigneur Feunouillet, évêque de Montpellier, inspecte l’église. Il ordonne que celle-ci soit mise en conformité par rapport aux principes de la religion : plusieurs éléments manquants sont alors bâtis, comme un confessionnal. En 1690, une cérémonie de bénédiction a lieu mais aucun document ne précise la raison. Ce qui laisse place à deux hypothèses pour justifier cet évènement : cela peut avoir lieu suite à la mise en conformité (tardive) de l’église comme mentionné précédemment ou bien suite à une autre rénovation qui aurait eu lieu après une destruction partielle, mais qui n’aurait été attestée dans aucun document.

En 1703, un édit royal oblige les seigneurs à participer à la réhabilitation des lieux de culte. C’est Isabeau de Bonzi, Marquise de Castries, qui acquière la baronnie de Castelnau, Le Crès, Salaison en 1674, qui finance la rénovation de l’église qui a lieu en 1705. Peut-être que le nom de cette dame vous dit quelque chose : c’est aussi elle qui, quelques années auparavant, en 1701, offre le tableau de la Vierge au Rosaire à la commune, qui se trouve toujours dans l’église aujourd’hui.

Nous avons peu de documents qui nous décrivent exactement les travaux qui ont été entrepris sur l’église avant le XIXe siècle. Mais en 1872, l’indépendance du Crès a permis à la ville d’avoir la main sur les travaux de l’église et donc d’en garder des traces au sein de la commune, si bien que nous connaissons les raisons et la teneur des travaux qui eurent lieu dans les années qui suivirent. En 1891, suite à une augmentation de la population de la commune, une première extension est faite, à l’est de l’église, derrière le maître-autel. L’agrandissement se fait grâce à la destruction d’une petite habitation rachetée par la ville pour obtenir le terrain et dont un pan du mur avait été conservé. Si l’on observe bien, on peut encore voir la forme de la porte qui se dessine dans les pierres.

Les dernières modifications se font durant le XXe siècle. En 1965, un nouvel agrandissement est décidé, de la nef cette fois-ci ainsi que la construction d’une tribune pour gagner de la place. L’ancien presbytère est alors détruit pour être reconstruit à son lieu actuel (derrière l’église) et l’agrandissement est terminé en 1969.

L’histoire de cette église se lit sur sa façade, si vous regardez bien, vous pourrez distinguer les 3 étapes de construction : la partie centrale la plus ancienne, le cœur qui date du XIXe siècle et la nouvelle nef du XXe siècle ! N’hésitez pas à aller faire un tour à l’intérieur pour découvrir les œuvres qui s’y cachent comme le magnifique tableau de la Vierge du Rosaire restauré en 2019.

 

Sources :

- Reboulin P.,  « Saint Martin du CreÌ€s, histoire d’une église en garrigue », P, ed. Couleur & Impression - 34 Castelnau-le-Lez, 2017.

- Vergos A., « Violence seigneuriale en Languedoc : le cas du comté de Melgueil (xie-xiie siècles) », Criminocorpus [En ligne], La violence seigneuriale à l'époque médiévale, Communications, mis en ligne le 15 avril 2021, consulté le 09 août 2021. URL : http://journals.openedition.org/criminocorpus/9188

- Les CreÌ€s, histoire d’un village en garrigue, Ville du CreÌ€s, ed.  Maury - 45 Malesherbes, 2000.

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