Le crès

Patrimoine historique

Les puits au Crès

L’eau au Crès fut un sujet important pendant des siècles. Des querelles se cristallisent autour de cette denrée rare et elles iront jusqu’à motiver les cressois à demander leur indépendance face à la commune de Castelnau.

Les puits creusés dans la commune ne donnaient pas toujours de l’eau : le sol dans lesquels l’eau était puisée sont composés de nombreuses failles souterraines qui se remplissent ou se vident en fonction des précipitations. Si bien qu’à plusieurs moments dans l’année, les habitants étaient obligés de descendre au Salaison pour s’alimenter en eau.

Le puits le plus ancien du Crès se trouvait devant l’église (il n’existe plus aujourd’hui) et l’on connait son existence dès 1714, date de sa première mention dans les archives, lorsque celui-ci est réédifié. Les habitants pouvaient aller y puiser l’eau tout au long de l’année sans aucune restriction.

Entre 1732 et 1739, un nouveau puis est creusé au presbytère et c’est autour de celui-ci que les tensions vont se focaliser. Lorsque le puit fut creusé, il devait être utilisé uniquement par le curé lorsque celui-ci résidait au village et cet accord fut majoritairement respecté. Mais en 1789, les biens de l’églises ont été confisqués et de fait, le puit devait être à la commune. C’est vers 1846 que les choses s’enveniment. Les cressois demandent au Conseil de Castelnau de faire nettoyer le puits de la mairie et de le faire recreuser. Mais le Conseil refuse et, de plus, déclare que le puits du presbytère doit être laissé exclusivement à l’usage du curé car une pompe doit bientôt être creusé sur la commune. Les habitants du village réclament de pouvoir aller puiser l’eau au presbytère en attendant la construction de la fameuse citerne mais leur demande est rejetée. Après avoir vivement protesté ils obtiennent le droit d’aller puiser l’eau « une heure avant le lever du soleil et une heure et demi après le coucher et en cas d’incendie ».
En 1849, lassés de voir Castelnau prendre les décisions à leur place, les cressois font une demande afin de devenir une commune indépendante, mettant en avant la mauvaise gestion de cette crise autours de l’eau, qui oblige encore trop souvent les habitants à descendre jusqu’à la rivière pour trouver de l’eau lorsque les puits sont à sec.

Cette demande est rejetée et relance les tensions. En 1847 l’accès au puits du presbytère pour les habitants avait été muré. Le Maire décide d’ouvrir à nouveau cet accès en 1850.

Un nouveau puits sera enfin creusé en 1853 (au sud du village), et le puits du presbytère est à nouveau réservé au curé sauf en cas d’extrême nécessité.

Mais cela n’est toujours pas suffisant et lorsqu’en 1858 un jeune hydroscope (personne qui cherche l’eau) propose ses services, la Ville demande au préfet de leur accorder un nouveau budget afin de faire creuser un nouveau puits pour pouvoir apporter de l’eau à la population du village devenue plus importante. Lorsque le préfet demandera des explications quant à cette demande, Castelnau répondra qu’il ne fallait pas en tenir compte et que cette demande n’était pas raisonnable compte tenu de la présence de trois puits sur le sol de la commune et que ceux-ci étaient largement suffisants. Lorsqu’en 1859, l’affaire est classée, les quatre hommes qui représentaient le Crès au Conseil de Castelnau décident de donner leur démission. Le préfet, ordonne une enquête, qui révèlera que l’eau est loin d’être abondante au Crès : les puits de l’église et du presbytère sont contaminés par des eaux venant du cimetière. Le puit nouveau de 1853 présente une eau limpide mais qui ne se renouvelle pas en quantité suffisante pour tout le village.

Une somme est ainsi allouée pour recreuser le puit nouveau, ce qui devrait permettre de ne plus aller puiser dans les deux autres dont l’eau n’est pas saine.

Le puits que vous avez devant vous fut creusé en 1863, lorsque le marquis de Roquefeuil offre un espace devant sa maison pour l’y construire (c’est aussi lui qui en 1868 fait don à la commune de sa maison pour y loger l’école).

Enfin, en 1872, le Crès obtient enfin son indépendance et les problèmes d’eau cessent.

Sources :

- Les CreÌ€s, histoire d’un village en garrigue, Ville du CreÌ€s, ed.  Maury - 45 Malesherbes, 2000.

 

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